Le mouvement de la décroissance se doit d’entrer dans une nouvelle phase.
Il ne suffit plus de dénoncer l’impasse de la croissance, d’annoncer la catastrophe qui vient, de prophétiser tel ou tel effondrement.
Entre le rejet du monde d’hier et le projet de celui de demain, c’est d’un trajet dont nous avons besoin, pour ici et maintenant. Mais est-ce suffisant de définir la décroissance comme un trajet? Et pour ce faire, quels rapports les décroissants doivent-ils entretenir avec le/la/les politiques ?
Les initiatives concrètes et les expérimentations sont-elles suffisantes pour constituer les pièces éparpillées d’un gigantesque puzzle qui préfigurerait le monde convivial et serein de demain ? Ne risque-t-on pas de se disperser et de s’égarer dans des mondes parallèles faits d’expérimentations minoritaires tout à la fois compatibles et tolérées par le système dominant ?
La juste critique du gaspillage ne risque-t-elle pas de dériver vers une injuste et indécente défense de la pénurie ? La simplicité volontaire est-elle un ascétisme qui n’ose pas dire son nom ?
Ce livre défend une pédagogie de la décroissance qui consiste, non pas à comprendre avant de faire, mais à faire en s’interrogeant. Car on ne peut avoir raison contre tous. Les minorités, fussent-elles les plus cohérentes, dans leur Faire, leur Agir et leur Penser, doivent finir par affronter l’épreuve politique de la majorité. C’est un autre trajet auquel la décroissance ne peut se soustraire.
La décroissance est le nom politique qui désigne la transition d’une société de croissance à une société d’a-croissance. Ce livre prétend explorer ce que le « dé » de la « décroissance » peut apporter à cette hypothèse politique.
Il s’adresse aux décroissants et plus largement à tous ceux, et ils sont nombreux, que ce mot, cette philosophie ou ce mouvement, interpellent.
Michel Lepesant habite dans la Drôme (où il tire un revenu d’existence de l’enseignement de la philosophie), il est à l’origine de plusieurs projets d’alternatives concrètes : une amap, une association de producteurs-consommateurs, et surtout il est l’un des trois co-fondateurs d’une monnaie locale complémentaire, la Mesure (http://monnaie-locale-romans.org/). Il se définit comme un « décroissant » et anime le Mouvement des objecteurs de croissance (le MOC : http://www.les-oc.info/).
Il vient de coordonner deux ouvrages collectifs. Notre décroissance n’est pas de droite (chez Golias, novembre 2012) et L’antiproductivisme. Un défi pour la gauche ? (Parangon, mai 2013).